Exposition 80ème anniversaire du bombardement

Saint-Floret

Description

Exposition de documents concernant le bombardement du 30 juin 1944 à Saint-Floret pour le 80ème anniversaire

Extrait de la lettre d’une habitante à son frère, résidant au Maroc, écrite le samedi 11 novembre 1944

Voici la lettre détaillée que vous devez attendre avec impatience.
Le vendredi 30 juin à 6 heures du matin, heure allemande, c’est-à-dire 4 heures solaire, alors que réveillés par une singulière angoisse et prévoyant depuis la veille des évènements tragiques dans notre ville, nous nous demandons si nous devions nous lever.

Des avions volant très bas nous firent dresser, maman ouvrant son volet crut voir le 1er avion pénétrer dans sa chambre. Jean-Paul (l’employé agricole) se mit à crier « levez-vous vite on va bombarder ».

Mettre une robe, un manteau fut fait en un clin d’œil ; les bombes commençaient à tomber.

Les 1ères heureusement pour nous furent lancées sur le quartier de Varnat. « Vite la clé de la cave ». Le temps de descendre au rez-de-chaussée avec la fameuse clé les mitrailleuses crépitaient de tous côtés.

Il ne fallait plus songer à ouvrir la porte et le volet de la cuisine, traverser la rue, ouvrir la porte de cave sans être mitraillés ? J’ai calculé en un instant que l’angle le plus bas de la maison était celui face à la cour et aussi le plus près du rocher donc le moins vulnérable. J’ai attiré à toute vitesse maman et Jean-Paul dans l’angle de la cuisine, proche de l’évier et bien nous en a pris, c’est le coin de la maison qui n’a pas été touché…

Nous étions tirés sans rémission, J’ai passé ¾ d’heure affreux, les bombes tombaient par chapelet de 3. Entre chaque chute de bombes, les maisons étaient mitraillées et à chaque chute de bombes, nous nous disions « celle-ci est-elle pour nous ? ».

A un moment, toutes les portes et fenêtres de la maison furent arrachées, les cloisons ébranlées par le souffle. Une grande clarté envahit la maison. Ce qui nous a le plus incommodé c’est l’étouffement, nous étions gorgés de poussière à un point inimaginable. Si cela avait duré d’avantage nous aurions fort bien pu mourir étouffés.

Aussitôt le bombardement fini, nous avons gravi l’escalier, chargé de décombres et sommes sorties. Jean-Paul est allé porter secours aux blessés. Nous nous sommes trouvées dans la rue, ahuries devant l’aspect indescriptible du village et ne sachant où nous diriger lorsqu’arriva très excité un détachement d’une centaine de soldats allemands. Ce fut la panique. Les survivants couraient de tous côtés. Nous nous sommes alors cachées, dans la cave, suivies par les Barreyre, les Varnat et beau parents. Et pendant une heure au moins nous avons entendu crépiter mitraillettes et pistolets et casser les meubles de la maison à coups de crosse, attendant le coup de grâce qui devait nous être destiné.
Enfin la porte s’ouvrir et de très jeunes gens nous disaient « pas peur Madame. Pas capout ». Puis ils nous emmenèrent tous au fond du pays devant le moulin Guerrier où devaient être pris les otages.

Tous les survivants du bombardement sauf les vieillards se trouvaient là. Jean-Paul avait fui comme tous les hommes jeunes.
Enfin les otages furent choisis : le Maire – Michel Barreyre – Marcel Mallet – le métayer des Varnat – Pierre Bordel de Meilhaud – un murier juif portugais, ami des Crégut et Jeanne Rodillon.
Et nous voilà repartis parmi les décombres indescriptibles. On ne pouvait marcher dans les rues tant était l’enchevêtrement des fils, bois et matériaux de toutes sortes.

Dans la rue on fit le décompte des morts. Ils étaient 10
- Les Prado, le père et la mère d’Yvonne – Clémence Papon et son gendre Victor Villeneuve – les 3 Maffre – Thérèse Ribeyre venue de Paris pour s’abriter contre les bombardements – Louis Papon – Madame Chaumier, une jeune femme réfugiée de Vezoul.

Il faut dire que la moitié de la population et principalement les hommes jeunes avaient fui la veille craignant de promptes représailles.

Cependant notre village est je crois, le seul de France ainsi bombardé par l’aviation sans qu’il y ait eu de champ de bataille.

La maison Mugi entièrement détruite par une bombe incendiaire. Naturellement, les maisons Pradet, Papon à côté la maison Chandezon – sur la place, la maison Pissevin, la maison Maffre. La maison Decouze – plusieurs maisons inhabitées derrière les maisons Giraud et Mallet. La petite maison à côté de chez Michel Bohand, les ¾ de l’hôtel Guerrier – la maison Rodillon au ¾ démolie – la nôtre entièrement détruite ainsi que tous les bâtiments qui nous séparaient de la rivière – la maison Papon et leurs bâtiments d’exploitation ainsi que d’autres bâtiments d’exploitation des Varnats à Noyol – L’église très endommagée. Une bombe non éclatée est encore dans la rivière sous le pont face à la petite chapelle.

Nous avons su par la suite que notre maison avait été très visée parce qu’elle avait été prise pour celle du maire. Ce malheureux a été fusillé le 13 juillet ainsi que Bordel, le métayer des Varnats, le Portugais et Bellonte un cantonnier, ces derniers résidant au quartier de la Péde.

– Michel Barreyre – Marcel Mallet et Jeanne Rodillon sont en Allemagne.

Quelques temps auparavant François Perron et deux Mallet d’Orphanges avaient été emmenés en Allemagne également.

Pendant longtemps notre village fut l’objet de fouilles et surveillances. Pourquoi St Floret dites-vous. Pourquoi ?

Tarifs

Gratuit.

Ouverture

Du 28/06 au 30/08/2024, tous les jours de 10h à 17h.

Langues parlées