La vie monastique
En 910, Guillaume 1er (dit le Pieux) fonde à Cluny en Bourgogne une abbaye pour y accueillir des moines bénédictins, dans la tradition de l’église romaine. L’ordre de Cluny connaitra un essor majeur en Europe. Créé en 1994, la Fédération des sites clunisiens réunit les lieux qui, en Europe, ont contribué au développement et au rayonnement de l’Abbaye de Cluny, du Xème au XVIIIème siècle. Rassemblant plus d’une centaine de sites en Europe, le Pays d’Issoire compte 3 sites clunisiens.
Sauxillanges, la cinquième fille de Cluny
Guillaume 1er, le fondateur de Cluny, possédait de nombreux comtés, dont celui d’Auvergne. Il décida de faire édifier dans la partie haute de sa villa à Sauxillanges une chapelle dédiée à la Sainte-Trinité, à la Vierge Marie et à Saint-Jean l’Evangéliste. Après sa mort, suite à la donation d’Acfred, l’un de ses neveux, un monastère verra le jour à Sauxillanges. 12 moines venus de Cluny vont s’attacher à développer le monastère, qui deviendra un prieuré au 11ème siècle.
Grâce à l’activité religieuse, Sauxillanges devint une ville prospère. Au Moyen-âge, le prieuré était à son apogée et la ville plus importante qu’Issoire. Le prieuré comprenait l’abbatiale Saint-Pierre, le grand cloître, les bâtiments conventuels, ainsi que la chapelle du prieur attenant à un second cloître. Pierre le Vénérable y fit ses études avant de partir pour Cluny où il devint le neuvième abbé de Cluny. Grand voyageur, diplomate hors pair, il eut un rôle majeur en Europe au XIIème siècle. Cependant, après une période, très faste, l’éclat du prieuré déclina peu à peu. Si peu d’éléments subsistent aujourd’hui, une observation attentive de Sauxillanges permet de retrouver cette organisation. Des vestiges des bâtiments et du cloître restent visibles tandis que l’ancienne chapelle du Prieur est devenue la maison du patrimoine, gérée par l’association Pierre le Vénérable. Le lieu évoque l’histoire du prieuré et du bourg de Sauxillanges et on peut y admirer les belles clés de voûtes du 15ème siècle, uniques en Auvergne.
Notre Dame de Mailhat à Lamontgie
Placée sur un ancien lieu de culte, l’église actuelle classée Monument Historique en 1859 a été reconstruite par les moines de Sauxillanges à la fin du 12ème siècle et devint le siège d’un prieuré-cure, où le culte était assuré par un prêtre et où vivait 2 moines. Construite principalement en pierre d’arkose, l’église Notre Dame de Mailhat est réputée pour la qualité et le foisonnement des sculptures du porche, du chevet et du chœur. Le style de l’église, élégant et orné la rattache au roman du Velay. Dotée antérieurement d’une riche statuaire en bois polychrome, il ne reste aujourd’hui que peu d’éléments à l’exception d’une vierge en majesté restaurée dans les années 90 grâce à l’association Les Amis de l’église de Mailhat.
Eglise de Colamine-sous-Vodable à Vodable
Relevant du monastère de Sauxillanges, le site de Colamine-sous-Vodable est cité pour la première fois à la fin du Xème siècle, dans une charte du prieuré clunisien. Exemple modeste mais typique de l’art roman, cet édifice couvert de lauzes et à nef unique se termine par une abside flanquée de deux contreforts et est surmontée d’un clocher carré. Isolée, au centre du cimetière, trapue et paraissant bâtie pour résister à tous les vents, elle pourrait servir de décor à un récit légendaire…
En 1979, lors d’une restauration, une étonnante découverte y fut faite : 6 statuettes dissimulées derrière le retable du maître autel dont une vierge en majesté.